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1 janvier 2017

Sergueï Chtchoukine : un amateur passionné

" Il faut vivre avec les tableaux pour les comprendre "

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Portrait d'un mécène visionnaire de l'art moderne

Issu d'un milieu aisé, la fortune de la famille Chtchoukine provient du père de Sergueï, Ivan Vassilievitch Chtchoukine, fondateur de la dynastie industrielle des Chtchoukine. Important grossiste en textiles, la firme I.V. Chtchoukine & Fils, sera reprise par Sergueï en 1890. Ce talentueux manager sera vite surnommé en Russie " le ministre du commerce ". Il épouse en 1884, l'une des plus belles femmes de Russie, Lydia Grigorievna Koreneva, dont sa famille a fait fortune dans les mines du Donbass en Ukraine. Ils donneront naissance à 4 enfants.

Peu de temps avant sa mort, le père de Sergueï lui offre, pour la naissance de son premier enfant, le palais de la princesse Trubetzkoy, issue de la plus haute noblesse. Sergueï Chtchoukine dispose d’une magnifique demeure à deux pas du Kremlin. Naturellement, il va s’orienter vers ce qui est, à l’époque, un autre brevet de réussite sociale et économique : la collection d’art.

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À Paris, où le conduit l'Orient-Express, il achète son premier tableau, en 1898, à l'âge de 44 ans, dans une galerie rue Laffitte, " l’Avenue de l’Opéra " de Camille Pissarro (un premier achat très classique respectant les goûts de son époque). Pissarro représente une vue en contre plongée de la  place  du  Théâtre  français. Installé  dans  une  chambre  du  Grand  Hôtel  du  Louvre,  Pissaro exécute  plusieurs tableaux de la vue urbaine qui s’offre à lui. L’artiste  perpétue  en  cela  la  tradition impressionniste  d’une  variation  sur  un  thème.  Le tableau est sans doute peint par une belle journée d’hiver  (ciel  bleuté,  arbres  dépouillés)  et  peut-être  après  une  pluie,  comme  l’indiquerait  la  trainée  de  lumière  placée  en  diagonale, partant  de  la  droite, qui illumine le tableau.

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Inventé un musée d'art moderne

Mais rien de mieux que le voyage pour éduquer le goût de Sergueï, qui va confirmer sa douce passion pour les jeunes peintres français du 19e siècle : Cézanne, Monet, Degas, Matisse... et ainsi aller à contre-courant de son époque. Peu à peu, les murs du palais Troubetskoï se recouvrent de toiles aux formes et aux couleurs détonantes. Une décoration pas vraiment du goût de la bonne société moscovite conviée aux réceptions fastueuses données par Chtchoukine. En une dizaine d’années, de 1898 à 1908, la collection comptera 13 Monet dont la version complète du Déjeuner sur l’herbe, 8 Cézanne dont Mardi gras,

16 Gauguin tahitiens que Sergueï accrochera bord à bord dans sa salle à manger proposant une composition saisissante à la manière des iconostases orthodoxes. S’ajoutent 4 Van Gogh, 3 Renoir, 5 Degas, 4 Maurice Denis, 2 Puvis de Chavannes et bien d’autres maîtres. Une collection qui va s'agrandir d'années en années et de manière obsessionnelle.

salle Guaguin

Impressionnisme, cubisme, fauvisme, Sergueï collectionne avec une folle passion les peintres français du nouveau siècle. Contre son milieu bourgeois privilégiant la peinture russe classique, contre les traditions de son pays et contre son temps.

La malédiction de la collection

Ce train de vie luxueux et sans souci est interrompu en 1906 par la mort d’un fils, puis, quelques mois plus tard, par celle de sa femme... "J’ai choisi de me retirer, d’abandonner la vie moderne", écrit l’homme accablé à son frère. Mais sa passion, plus forte, sera sa consolation : Sergueï repart à Paris, admirer ses peintres préférés. Il acquiert plusieurs Gauguin, et découvre Matisse, à qui il achète une nature morte, pour voir... avant de s'enticher du peintre et de ses tableaux. Les deux hommes s’écrivent, s’estiment. Le mécène commande à l'artiste "la Danse" et "la Musique" pour décorer l'escalier de son palais. " On dit que je fais du tort à la Russie et à la jeunesse russe en achetant vos tableaux...", lui confie-t-il. Il ne disposera pas moins de 38 Matisse au sein de sa demeure.

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À partir de 1908, il ouvre sa collection au public tous les dimanches matin. Les amateurs d’art s’y précipitent et son audace est reconnue par tous les artistes avant-gardistes. Cette même année, Matisse le présentera à Picasso de qui il possèdera près de 50 œuvres. La révolution de 1917 met fin à la monarchie et séparera ce visionnaire de l'art moderne de sa collection en 1918. La légende voudrait qu'il ait caché des diamants dans la tête de la poupée de sa fille. Le Palais Troubetskoï devient alors le premier musée d’art moderne occidental. Chtchoukine meurt à Paris en 1936 et ne verra pas le partage de sa collection, en 1948, entre le Musée Pouchkine de Moscou et le Musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg.

Parmi les oeuvres présentées durant l'exposition à la Fondation Louis Vuitton, voici mes trois oeuvres favorites

Le déjeuner sur l'herbe de Claude Monet, peint en 1865 en réponse au déjeuner, jugé scandaleux, d'Edouard Manet. Cette étude complète où l'on reconnaît Camille Monet et Frédéric Bazille est une parfaite démonstration du nouveau style impressionniste, où la lumière est au centre de l'oeuvre. La composition classique de l'époque est oubliée, avec des personnes allongées par terre ou adossées à un arbre. Sur le tronc, on remarque parfaitement un graffiti représentant un coeur, entouré d'initiales. Une modernité tellement présente au sein d'une toile anti-conformiste pour son époque.

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La femme à l'éventail de Picasso, première acquisition de Chtchoukine pour cet artiste dont il dira : Picasso m'a hypnotisé. Pablo Picasso se passionne pour l’analyse de la forme et réduit toute chose à des volumes simpli­fiés rappelant le cube, la sphère et le cylindre. Il devient l'un des initiateurs du cubisme. Cette toile initialement installé seule par Sergueï au sein d'un couloir sombre, donnera au collectionneur par la suite une envie frénétique d'enrichir sa collection.

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La modernité des formes, des couleurs ainsi que l'influence de l'art africain, donne un nouvel élan durant notre visite au sein de la Fondation. Cette oeuvre fut acquise après le décès du fils et de la femme de Sergueï, qui va complètement transformer son goût.

La desserte rouge de Matisse, représentatif du fauvisme, peint en 1908, à la demande de Sergueï qui souhaitait une grande toile, de couleur verte. Mais en plein milieu de la réalisation, Matisse décide de mettre le rouge au centre de l'oeuvre. Dans ce tableau de genre est représenté une salle à manger dont le même motif est utilisé sur la table et sur les murs (bleu, violet), donnant une impression de continuité. C'est à peine si une ligne très fine permet de distinguer la nappe qui couvre la table du papier peint (ou de la tapisserie) du mur. La toile m'a hypnotisé de par ses dimensions extraordinaires et par la force de cette couleur. La fenêtre est traitée comme un tableau et le personnage sur la droite semble réduit à un simple élément de décor. En dépit d'une certaine mélancolie qui semble planer sur la scène, en raison de la position du personnage et de son attitude préoccupée, la couleur rouge dominante donne à cet intérieur une atmosphère chaleureuse qui s'oppose aux couleurs plus froides de l'extérieur.

la desserte rouge

Découvrez ce documentaire très bien réalisé et qui nous explique le cheminement et l'évolution des goûts artistiques de Sergueï Chtchoukine : Sergueï Chtchoukine, le roman d'un collectionneur ARTE

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