Exposition Félix Vallotton

Comme à chaque fois, toute exposition au Grand Palais devient l'événement à ne pas rater. Après l'exposition Dynamo présentant l'art optique, c'est cette fois-ci Félix Vallotton qui est mis en avant. Aussi bien peintre, sculpteur, critique d'art ou romancier, ça fait beaucoup de talent tout ça, le Grand Palais a décidé de mettre en avant cette "artiste inclassable". La rétrospective depuis la dernière en date de 1966 jongle entre sarcasme et sensualité, à la croisée des XIXe et XXe siècles.

C'est par le tableau intitulé "La Loge de théâtre", mais aussi, ironiquement, le Monsieur et la Dame, peint en 1909 que nous découvrons cette nouvelle exposition. Vous serez déçu lors de la visite par la mise en scène de ce tableau ainsi que de son encadrement.

Dans la loge, une femme et un homme. Devant, la petite tête brune et absente de la femme, sous un grand chapeau noir coiffé d’un foulard clair. Sa menotte gantée de blanc fleurit sur l’énorme rempart jaunâtre de la loge : il barre le tableau et le vide de toute liberté. Derrière, dans l’ombre qui avale le reste, la moitié supérieure de la tête de l’homme, bouche et menton coupés par le rempart. Pas de regard chez lui, pas de traits. La femme regarde vers le bas, vers sa gauche, peut-être pensive. Qu’observe-t-elle ? Que voit-elle ? Amant, chapeau, regret ? Une vraie solitude se dégage de son expression comme Edward Hopper a su le faire avec "Morning Sun" ou "Excursion into philosophy".

"Artiste unique qui, bien que proche des nabis, garde sa vie durant un style à la fois très personnel et résolument moderne. Reconnaissables entre toutes, ses toiles se distinguent par des couleurs raffinées et un dessin précis découpant la forme".

Le concept scénographique de l'exposition emprunte ses caractéristiques à l'image de la tectonique des plaques : deux états opposés, l'un figé l'autre en mouvement, l'un en surface le second souterrain, l'un tempéré l'autre bouillant. "De feu et de glace" nous plonge dans deux univers avec un gris camaieu glacial et un rouge vif chaud.

Vous serez surpris par la palette que nous offre Félix Vallontton, vous trouverez deux oeuvres côte à côte mais donnant l'impression d'avoir été peintes par deux artistes différents. Un travail surprenant sur l'ombre et la lumière. La lumière arrive inexorablement en biais par rapport à l’orientation des fenêtres, l’éclairage des salles n’est pas du tout naturel, et le regard que l’on a sur une pièce et sur un intérieur est toujours très étrange. Ainsi, les fauteuils et les canapés tiennent plus de place que les hommes et les femmes eux-mêmes avec un de mes tableaux préférés : le haut-de-forme - intérieur.